Quelles sont les différences entre un café de spécialité et un café de commodité ?

Quelles sont les différences entre un café de spécialité et un café de commodité ?

Le café de commodité, ou industriel, est celui qui se vend, et donc se boit, le plus en France. Si le critère prix est indéniable, la qualité ne doit pas être oubliée dans l'acte d'achat. Nous avons comparé un café de spécialité à un café de marque distributeur, de la grande distribution pour être précis. Des origines au goût en passant par le prix au kilo, voici les différences que nous avons constatées, à l'aide de tous nos sens.

C'est quoi un café de commodité ?

Le café de commodité est une traduction un peu trop littérale du mot anglais commodity qui signifie marchandises. C'est le café côté en bourse, acheté en gros volumes, qu'on peut appeler aussi café industriel. A l'inverse, le café de spécialité est produit par de petites fermes et obéit à des régles de qualité établies par la SCA (Specialty Coffee Association), organisme mondial qui va noter le café. A partir de 80 et jusque 100, le café est dit de spécialité.

Entre les deux apparaît la notion de café de qualité, ou premium, que l'on peut trouver en grande surface.

Et au dessous, on trouve ce café industriel, celui que l'on boit en masse, qu'il soit robusta ou arabica, avec une torréfaction poussée qui va masquer les (nombreux) défauts.

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 Alors pour ce test nous avons choisi un café arabica, il y a très peu de robusta dans le café de spécialité, de marque distributeur (l'un des géants de la grande distribution) et en torréfaction expresso. Nous avons donc extrait le café sur un expresso broyeur automatique (Primadonna Soul De'Longhi). Et face à ce café sans nom nous avons choisi l'Accord n°4 du torréfacteur nordiste Le Fou du grain : un arabica venu du Kenya.

Nous allons parler origine, goût et bien sûr prix. L'objet n'est pas de déterminer un vainqueur tant ces deux cafés ne se dégustent pas dans la même catégorie. L'objet est de poser cette question toute simple : doit-on continuer à boire beaucoup et moins bon, ou un peu moins et mieux ?

C'est quoi un café de commodité ?
A gauche le café de spécialité, à droite le café industriel : remarquez la couleur noire prononcée de ce dernier, et les grains qu'on peut imaginer avoir été grignotés par des insectes.

Connaître l'origine avec le café de spécialité

Les deux paquets ne se ressemblent pas, déjà dans la conception de l'emballage. Sur le paquet du café de commodité, pas de valve de dégazage ni de système de fermeture hermétique qui permet de se servir du sachet pour conserver le café. On les trouve en revanche sur le paquet du café de spécialité.

Venons-en aux informations données. 

Sur le paquet du café industriel, de 500 gr, on trouve la mention 100% arabica sur la face avant, l'intensité et le fait que ce soit un café en grains. Sur le côté une date de production (juin 2024) et une date à consommer de préférence avant janvier 2026. Sur l'arrière, des indications de conservation et d'usage assez généralistes. Les mêmes mots sur l'arrière, le tout traduit en 3 langues : ici le français, le hongrois et le roumain. Quant à l'ingrédient, il est juste marqué : café torréfié en grains, 100% arabica. Rien sur l'origine du pays, ni même du continent. Bon on pense que ce café vient de la terre, c'est la seule certitude que nous avons sur son origine.

Sur le paquet du café de spécialité, un sachet de 250 grammes, les indications sont sur deux faces. Le visuel est beaucoup plus travaillé, avec la mise en avant de l'atelier de torréfaction, ici le Fou du Grain, et sa localisation : le Nord de la France. On voit tout de suite le pays d'origine, le Kenya, l'altitude, son intensité et surtout la palette aromatique que l'on peut ressentir à la dégustation. Le café était fraîchement torréfié au moment de l'achat, la date conseillée assez large puisqu'allant jusqu'en juin 2025 (l'idéal étant avant trois mois). De plus amples informations peuvent être bien sûr données par le torréfacteur, mais aussi sur le site internet de ce dernier. C'est le cas pour ce Kenya, où l'on apprend que le café est "issu de petites productions du centre du pays, autour du mont Kenya sur les hauts plateaux de l’appellation « Kiambu». Et que la période de récolte est d'octobre à mars.

Sur la face arrière, on trouve des informations sur le torréfacteur, son nom, son mail, son téléphone et surtout l'approche qu'il a de son métier. Faire partager sa passion, une phrase qui est partagée par nombre d'artisans torréfacteurs. N'hésitez pas à leur poser des questions, rares sont celles et ceux qui refuseront de vous en dire plus.

En conclusion, les informations sur la provenance du café sont essentielles pour comprendre pourquoi en termes de goût et de prix, de telles différences existent entre les deux cafés. 

Connaître l'origine avec le café de spécialité
La couleur de la crema est très significative de la fraîcheur du café. Remarquez comme la crema du café de spécialité est plus colorée que celle du café de grande surface, plus pâle car empaqueté depuis plus (trop) longtemps.

Les goûts et les couleurs, mais quand même

Nous arrivons ici à la phase la plus subjective de ce test : la dégustation. Je ne vais pas faire durer ce suspense interminable : le café de spécialité a nettement plus de saveurs et d'arômes que le café industriel. Est-ce qu'il est meilleur ? J'imagine que pour la majorité oui, mais que certains préféreront le café de grande surface. Le fameux  “de gustibus et coloribus non est disputandum”

Le café de spécialité a, dès la mouture, cette odeur agréable et gourmande. Celle du café de commodité est plus âcre, sans être violente non plus.

Pour le goût, honneur au café de commodité. Et une première surprise pour moi qui n'avait pas bu ce type de café depuis un certain temps. là où je m'attendais à grimacer face à une amertume prononcée, je n'ai rien ressenti de tel. Pour une intensité aussi forte (8 sur le paquet), une robe aussi sombre, je l'ai trouvé presque insipide. Aucune saveur ne m'a traversé le palais, aussitôt bu, aussitôt oublié. Enfin pas vraiment puisque la longueur en bouche a elle été désagréable, avec une envie très forte de boire un grand verre d'eau très vite.

Le café de spécialité s'est révélé plus suave, avec de belles notes que j'ai aimées lorsque je l'ai dégusté avec un chocolat Encuentro lors de l'atelier organisé pendant la Journée du café. Rien à dire de plus si ce n'est que le plaisir d'un bon café.

 

Les goûts et les couleurs, mais quand même
A gauche un fermier du Kenya, au centre son café torréfié en France, à droite le torréfacteur qui l'a sublimé. Le premier aura eu un prix d'achat supérieur, le second va vivre de son art car les consommateurs auront fait le choix d'acheter, même de temps en temps, du café de spécialité.Photos @fou du grain

Et au final est le prix, où il n'y a pas photo

Alors quel est le café le plus cher ? Celui acheté et torréfié en petite quantité où celui acheté à la tonne et torréfié au chalumeau ? Pas de suspense ici puisque le prix au kilo pour le café de commodité est de 12 euros 80 centimes contre 33 euros et 60 cts pour le café de spécialité. Il est à noter que le café de marque distributeur ne nécessite aucun budget de promotion et de conditions de négociations qu'un artisan ne peut se permettre.

Il en faut pour tous les prix et je le répète, si je n'ai pas trouvé le café de commodité bon, il n'était pas horrible. Cependant, si on peut se le permettre, ne pas acheter ce type de café est un bienfait pour la planète, et pour son plaisir. On peut aussi monter en gamme sans se ruiner, et miser sur des cafés de qualité supérieure.

A terme, le café produit en masse pourrait disparaître, ou en tout cas l'offre ne plus être en mesure de répondre à la demande. Alors autant commencer aujourd'hui à boire moins, mais mieux…

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